Mosquée de Bouzignac

19/09-2023

Renouveler notre pacte avec notre Messager est le souci capital de ce texte. Un pacte usé par l’écart creusé à travers le temps. La vision devient floue et fragmentée, et la relation terne et affaiblie.

Le voile intellectuel

Les textes s’interposent aujourd’hui entre les musulmans et la personne de cet auguste Homme qu’est le Prophète(paix et salut sur lui). Ces précieuses sources écrites sont propices et suffisantes pour nouer un lien rationnel qui consiste à référencer des sources et en tirer des déductions logiques. Une relation rationnelle, donc profane.

En réduisant l’Islam à sa composante rationnelle, on retient de la personnalité du Prophète, puisse Dieu prier en sa faveur, les signes intellectuellement perceptibles d’un leader surdoué, d’un homme dévoué et d’un militant déterminé. On parle alors d’un modèle islamique qui prône un engagement militant au service d’une idée qui aboutit à la solution. Le cœur et le spirituel, écartés dans ce genre de construction, restent un sous-entendu, un tabou, une affaire privée.

La Naissance signifierait dans ce cas l’avènement d’une nouvelle juridiction ou philosophie mieux adaptée qui répond aux besoins d’une raison de plus en plus active, destinée à jouer un rôle inédit dans l’histoire de l’humanité.

Les liens du cœur

Ma relation avec le Messager, puisse Dieu le saluer, doit-elle être une relation essentiellement intellectuelle où j’apprécierais sa ligne de pensée et la littérature de ses récits ? Ou une relation communautaire puisque j’appartiens à sa grande communauté ? Ou une relation politique car j’adhère à une solution islamique qui opte pour la concertation comme principe de gouvernement ? Ou une relation juridique car je souhaite appliquer le droit musulman ?

Les premiers fidèles se sont joints au Prophète, car il fut la source de la guidée qui leur venait de Dieu ; il fut celui que Dieu leur envoya. Ils recherchaient Dieu. Mohammad était Son messager. Ils n’appliquaient pas des textes en l’absence d’un modèle, mais aimaient, suivaient et obéissaient à cet illustre être élu de Dieu envoyé comme miséricorde pour toute l’humanité de la part du Tout-Puissant et Compatissant.

Un homme rapporte que Aicha (que Dieu l’agrée), l’épouse du Prophète, vint voir le Messager de Dieu et dit : « Tu es plus aimé de moi que ma famille et tous mes biens. Chez moi je me souviens de toi et je ne puis me retenir de venir et de te regarder. Mais j’ai pensé à ma mort et à ta mort et j’ai réalisé que lorsque tu rentreras au paradis tu seras élevé en compagnie des prophètes et que si j’y entre, je ne pourrai plus te voir. » Dieu révéla alors : « Celui qui obéit à Dieu et Son Messager sera avec ceux comblés du bienfait de Dieu dont les prophètes, les véridiques, les martyrs et les pieux. Et quelle excellente compagnie ! »(1)

Dois-je alors avoir une relation de cœur avec le Messager de Dieu ? Oui ! et c’est l’amour d’abord.

Amour et joie du cœur

Aimer le Messager plus que tout, plus que soi est un signe du parachèvement de la foi. C’est ce qui fait goûter à la douceur de la foi. Quelle joie que de passer d’une « foi » que l’on récite à une foi que l’on goûte ! Pour cela, le cœur doit prendre sa place dans notre perception du Message et du Messager. Conjuguer le cœur et la raison. Le rationnel et le spirituel. Borgne sera notre perception si ne ressentant aucune joie dans nos cœurs suscitée par cet heureux événement, nous nous posons la question légitime « Est-il permis de célébrer la naissance du Prophète ? »

Certains raisonnements abusifs, dissuasifs et totalitaires avancés et propagés tentent aujourd’hui d’étouffer, sous peine d’innovation conduisant en Enfer, toute manifestation de joie, pieuse ou non, liée à la naissance du messager de Dieu. S’il est compréhensible que certains fervents légalistes restent sur leur garde, il n’y a pas de raison d’étendre la phobie à toute la communauté.

Loin de diviniser le Messager, le libre cours à l’amour et au respect doit rester un fleuve qui irrigue les cœurs joyeux de la guidée de leur Seigneur.

Abou Lahab, l’oncle du Prophète promis à l’Enfer dans le Coran, bénéficie d’un allégement tous les lundis, jour de naissance de son neveu où il montra une telle joie qu’il affranchit la servante « Thouwaïbah » qui vint lui annoncer la nouvelle. Le prophète célébrait le lundi, jour de sa naissance en le jeûnant. Il a célébré aussi le jour de salut de son frère le Prophète Moïse, dixième jour du mois lunaire de moharram, que la communauté juive de Médine célébrait aussi. S’appuyant sur ces arguments, des savants tels que Ibn Hajar al-‘Asqalânî auteur de Fath al-Bârî, As-Souyoutî éminent savant du neuvième siècle de l’Hégire, Abu Châmah maître de l’illustre Nawawî, As-Sakhâwî et autres se sont prononcés sur la légitimité juridique de célébrer cette naissance par des actes pieux d’adoration et de bienfaisance(2).

Les compagnons, sachant que les actions seules ne pouvaient les élever au degré du Prophète bien-aimé pour l’accompagner au paradis -nous, de même- étaient heureux de savoir que la voie de l’amour assurait cette précieuse compagnie. Un homme demanda au Prophète : « Quand l’heure ? » « Qu’as tu préparé pour elle, dit le Prophète ? » « Rien, dit l’homme, sauf que j’aime Dieu et Son messager. » Le Prophète de répondre : « Tu es avec celui que tu aimes. » » En rapportant ce hadith, Anas le compagnon (que Dieu l’agrée) ajoute : « Nous n’avons jamais été autant heureux que lorsque le prophète a dit : « Tu es avec celui que tu aimes. » Et moi j’aime le Prophète, Abou Bakr et Omar et j’espère être avec eux de par mon amour pour eux bien que je n’aie pas œuvré autant qu’eux. »(3)

La naissance du Prophète est un geste d’attention particulier, de la part d’un Seigneur Patient et Indulgent, exprimé envers des humains qui ont oublié leur raison d’être, leur identité originale et leur prime nature. Les gens, distraits et insouciants, savent que la vie sur terre a une fin mais se laissent entraîner dans l’oubli, puis, interrogés par les anges dans la tombe, ils subissent la surprise, les remords.

Par ailleurs, la naissance du Prophète est une occasion pour l’élection divine parmi les humains. Les hommes et les femmes choisis par Dieu pour être compagnons de Son Prophète ne pouvaient pas l’être sans cette opportunité. Pour nous aujourd’hui, plusieurs siècles plus tard, cette naissance n’est pas moins prometteuse, car l’élection divine se fera pour toujours. « Parmi ceux qui m’aiment le plus dans ma communauté, annonce le Prophète, il y a des gens qui viendront après moi. Pour me voir, ils seront prêts à abandonner leurs familles et leurs biens. »(4) Ces gens sont dits Frères du Prophète dans d’autres hadiths(5) , et ils rejoignent les compagnons dans l’agrément que Dieu leur accorde. Dieu dit :« Les précurseurs parmi les Immigrés et les Auxiliaires ainsi que ceux qui les ont suivis sur la voie de l’excellence sont agréés de Dieu et ils L’agréent. »

La prétention de l’amour du Prophète fleurit chez les paresseux et les pervers. Nous devons accomplir vis-à-vis du Prophète un pacte à double volet : aimer et suivre.

Les vrais fidèles aiment le Prophète, le suivent et lui obéissent. C’est le signe du vrai amour, car Dieu dit : « Dis, si vous aimez Dieu suivez-moi. Dieu vous aimera et vous pardonnera vos péchés. »

Renouveler son pacte

Renouveler notre pacte avec notre Messager est le souci capital de ce texte. Un pacte usé par l’écart creusé à travers le temps. La vision devient floue et fragmentée, et la relation terne et affaiblie. Renouveler ce pacte mal nourri par la simple référence aux textes et l’alignement juridique bon gré mal gré sur les limites de Dieu, nécessite un modèle humain. Un avantage que les compagnons avaient en présence du Prophète. Pour les fervents chercheurs de la foi, le Prophète annonce des rénovateurs pour la communauté tous les siècles(6) et recommande à chacun de renouveler sa foi par la bonne parole « Il n’y a de dieu que Dieu. »(7)

Louange à Dieu d’abord et à la fin, et que Ses salutations aillent vers le Prophète Mohammad, sa famille, ses compagnons et ses frères.

Notes :

1 Rapporté par Abou bakr al-Haïthamî dans Majma’ az-zouâ-id, Abou Nou’aïm dans Al-Hiliyah, at-Tabarânî dans al-Aoussat et as-Saghîr

2 Voir I’ânat at-Tâlibîn pp.363-364 édition Dâr al Fikr.

3 Rapporté par Boukhari, Mouslim et autres

4 Rapporté par Mouslim selon Abou Houraïra

5 Rapportés par at-Tabarânî, Ahmad, Abou Ya’lâ et autres

6 Hadith rapporté par Abou Dâwoud, al-Bayhaqî et al-Hâkim selon Abou Houraïra.

7 Hadith rapporté par Ahmad, at-Tabarânî

27/07-2023

Qu’est ce que le jour d’Achoura ?

Arrivé à Médine, le Prophète, paix et salut de Dieu sur lui, vit que les juifs jeûnaient le jour d’Achoura, dixième jour du mois de Mouharram. Il les questionna à ce sujet et sut que ce fut pour eux un jour béni pendant lequel Dieu sauva le peuple d’Israël de leur ennemi (en ouvrant la mer et en noyant Pharaon et ses soldats). Aussi pour remercier son Seigneur, Moise, paix sur lui, jeûna-t-il ce jour. Le Prophète rétorqua alors : « Nous sommes plus à même de nous réclamer de Moïse.». Ainsi, il jeûna ce jour et ordonna aux croyants de le jeûner.[1]

Ce jeûne du Prophète était une manière de manifester sa joie et sa gratitude envers Dieu pour avoir sauver son frère Moïse. Il demeura obligatoire jusqu’à la prescription du jeûne du mois de Ramadan.

En effet, notre mère Aïcha, que Dieu l’agrée, rapporte : «… Quand le Prophète arriva à Médine, il ordonna aux fidèles de jeûner ce jour, mais après la prescription du jeûne du mois de Ramadan, il déclara : Que celui qui souhaite jeûner Achoura le fasse, quant à celui qui souhaite renoncer à cette pratique soit libre de le faire ».[2]

Bien que le jeûne du jour d’Achoura soit surérogatoire, il n’en demeure pas moins très méritoire pour tous ceux et celles qui aspirent au Pardon de Dieu. Concernant le mérite de ce jour, Abû Qatâda rapporte que le Prophète paix et bénédiction de Dieu sur lui, a dit : « Le jeûne du jour d’Achoura efface les péchés de l’année précédente ».[3] Il dit de même « Le meilleur jeûne après celui du mois de Ramadan est celui du mois sacré de Mouharram ».[4]

Le mois de Mouharram est le premier mois lunaire du calendrier hégirien. C’est aussi l’un des quatre mois sacrés auxquels le Coran fait référence, à savoir RadjabDhoul-qi’daDhoul-hidja, et Mouharram et durant lesquels les actes d’adorations et les bonnes œuvres sont valorisés auprès de Dieu.

La meilleure façon serait de jeûner les 9ème et 10ème jours de Mouharram tel que l’a conseillé le Prophète dans un hadith rapporté par Ibn Abbas où il dit « Si je suis encore vivant l’année prochaine, je jeûnerai le 9 (c’est-à-dire avec le 10) ».[5] Il cherchait ainsi à distinguer la tradition musulmane de la pratique juive qui ne célébrait que le 10ème jour. Le Prophète mourut avant d’accomplir son vœu.

Le jour d’Achoura aura lieu le lundi 08 août. Son jeûne est une occasion d’expier les péchés de l’année qui vient de s’écouler, avec la volonté que la nouvelle année soit menée sous l’Obéissance et l’Adoration du Tout-Puissant. Le Prophète dit : « Il y a dans les jours de votre vie des souffles bénéfiques [nafahâte] de la part de votre Seigneur. Soyez soucieux de vous y exposer ». Cet acte de dévotion et de gratitude, à l’instar du Prophète, est aussi l’opportunité de marquer les liens de foi envers un des Messagers de Dieu, Moïse, paix de Dieu sur lui.

Puisse Dieu nous faciliter l’accomplissement des bonnes œuvres et nous permettre de nous rapprocher de Lui.


[1] Rapporté par Boukhari et Ahmad d’après Ibn Abbas

[2] Rapporté par Boukhari et Abou Dawud

[3] Rapporté par Boukhari

[4] Rapporté par Muslim d’après Abou Hourayra

[5] Rapporté par Muslim

28/06-2023

Aïd Al Adha signifie « la fête du sacrifice ». Mais savons-nous pourquoi il est question de sacrifice ? Le sacrifice que nous effectuons le jour de l’Aid est dû à l’épreuve du Prophète Ibrahim (‘alayhi salam). En effet, Dieu l’a éprouvé en lui demandant de sacrifier son fils Ismaël (‘alayhi salam). Ibrahim (‘alayhi salam) dit à son fils qu’il le sacrifiait dans un rêve et que cela était une demande de Son Seigneur. Ismaël (‘alayhi salam) accepta le sacrifice pour Allah. Dieu dit :

Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, [Abraham] dit : « Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses”. (Ismaël) dit : “Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants”. 

Sourate 37 : Verset 102

Cependant, lorsque Ibrahim (‘alayhi salam) s’apprêtait à sacrifier son fils, Son Seigneur l’interpella afin de l’en empêcher. Ainsi, Dieu dit :

Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il l’eut jeté sur le front, voilà que Nous l’appelâmes “Abraham ! Tu as confirmé la vision. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants”. C’était là certes, l’épreuve manifeste. Et Nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse.

 Sourate 37 : Verset 103-107

Ainsi, Ibrahim (‘alayhi salam) sacrifia un bélier au lieu de son fils, par la Grâce de Son Seigneur. En effet, Dieu remplaça Ismaël par un mouton, et ce, par le biais de l’ange Gabriel (‘alayhi salam). Nous devons donc sacrifier au nom de Dieu le jour de l’Aid el adha. Notre Créateur dit :

A chaque communauté, Nous avons assigné un rite sacrificiel, afin qu’ils prononcent le nom d’Allah sur la bête de cheptel qu’Il leur a attribuée. Votre Dieu est certes un Dieu unique. Soumettez-vous donc à Lui. 

Sourate 22 : Verset 34

Ses mérites

Là encore à travers plusieurs hadith, le Prophète sallallahou ‘aleyhi wa salam nous a vanté les mérites du sacrifice rituel lors de l’Aïd el Adha. Dans un hadith rapporté par Ahmad, Ibn Mâjah et At-Tirmidhî, selon Zayd Ibn Arqam : « On interrogea le Prophète disant : “Ô Messager d’Allâh, que sont ces offrandes ?” Il répondit : “C’est la tradition de votre père Abraham.” On demanda : “Quelle est notre rétribution ?” Il répondit : “Pour chaque poil, vous recevez une bonne action.” On demanda : “Et (les animaux à) laine ?” Il dit : “Pour chaque fibre de laine, vous recevez une bonne action.” »

Dans les Sunan d’Abou Daoud, il est rapporté que le Prophète sallallahou ‘aleyhi wa salam a dit : « En vérité, le jour du Sacrifice est le jour le plus important auprès d’Allah.» Ibn al-Qayyim dit dans son livre Zad al-Ma’ad : «Le jour du Sacrifice est le meilleur jour auprès de Dieu

Dans un hadith rapporté par At-Tirmidhî, selon `Aisha radhiAllahou ‘anha, le Prophète sallallahou ‘aleyhi wa salam a dit : « Il n’y a pas une œuvre plus agréable auprès de Dieu que l’homme puisse accomplir le jour du sacrifice que de faire couler le sang. La bête sacrifiée est amenée le jour de la résurrection avec ses cornes, ses poils et ses sabots ; son sang atteint une place élevée auprès de Dieu avant même qu’il ne touche le sol. Réjouissez-vous en ! »

L’Aid el Adha a lieu le dixième jour du mois de Dhou el Hijja, ce qui coïncide avec la fin du pèlerinage.

Le matin de l’Aid, il est conseillé d’effectuer ses grandes ablutions, de se parer de ses plus beaux vêtements, de se parfumer et de se rendre à la mosquée afin d’accomplir la prière de l’Aid. Après la prière, nous devons sacrifier l’animal (mouton, bélier, chèvre…) au nom de Dieu, en s’assurant qu’il soit couché sur son flanc gauche, la tête tournée vers la Mecque. Il faut partager son sacrifice avec les pauvres et les proches. Dieu dit à ce sujet : {Mangez-en vous-mêmes et faites-en manger le besogneux misérable.} [ Sourate 22 : Verset 28).

Le jour de l’Aid est un jour de fête durant lequel nous devons faire preuve de générosité, de bienfaisance, de bonté et de piété.

Qu’Allah vous garde et vous protège en cette heureuse occasion. Puisse-t-Il vous bénir à l’occasion de l’Aid Al Adha. Que cette fête soit pour vous un évènement heureux en compagnie de votre famille et vos ami.

09/10-2022